J’avoue ne pas avoir beaucoup écrit récemment mais ce n’est que partie remise. Et j’ose espérer que les prochains blogs à venir, sur lesquels je travaille, sauront vous intéresser tout autant.
Commençons par le commencement. Dusica Radisic. Ma première rencontre avec un membre d’association locale oeuvrant pour les femmes. Et aussi le premier coup de cœur du périple. Dusica a fondé l’organisation “Les femmes seules » en 1995, après avoir assuré, pendant de nombreuses années, la permanence d’une SOS hotline à Belgrade, dans un centre dont je vous parlerai prochainement, « le centre des femmes autonomes ». Elle décrit cette expérience comme difficile mais remplie de solidarité et très enrichissante. Mais lorsque Dusica rentrait chez elle, après avoir passé des heures à écouter, aiguiller et soigner des femmes au téléphone toute la journée, quelque chose en elle ne la quittait pas. Le sentiment que, ce que ces femmes avaient en commun, malgré les situations, problèmes et souffrances très diverses endurées ayant pour origine des problèmes différents, ce que ces femmes avaient en commun, c’était la solitude dans laquelle elles se trouvaient. Au final, le résultat demeurait implacable, presque obligatoire : le poids d’affronter seule les obligations quotidiennes de toute une famille. D’être à la fois père, mère, chef de maison, et subvenir aux besoins de tous . Et c’est une situation que Dusica ne connaissait que trop bien… Serbe du Kosovo, ayant du quitté son pays pour cause de discriminations à l’emploi, et après avoir perdu son mari à la guerre ; Battue par son second mari en Serbie ; La condition de femme seule, Dusica connait…
Mais a force d’efforts, elle s’en est sortie et s’est dit qu’il était temps de fonder une association qui apporterait de l’aide aux femmes « seules ». (mais les pères sont également admis). Que fait-elle cette association, me demanderez vous ? Elle organise des ateliers (de cuisine, de couture, de relaxation). La thérapie par la parole et l’échange, car Dusica croit fort qu’être créatif c’est aussi une manière d’exorciser. Et qu’en occupant ses doigts, son corps, on laisse parler et sortir plus facilement ce qu’il y a dans sa tête. Elle explique que tout le monde se connait, et qu’une fois que les femmes commencent à s’en sortir, à régler un à un leurs problèmes, elles peuvent à leur tour donner de vrais conseils aux nouvelles venues, et servir d’exemple.
Ces ateliers débouchent aussi sur des petites ventes de broderies qui procurent un petit revenu de complément pour ces femmes. Préparez vos portefeuilles, j’en ramène une pour chacun.
“Mon numéro ? il n’est dans aucun annuaire. C’est du bouche à oreille. Mais j’y réponds de 7H du matin à 11H du soir. Les femmes dans cette situation me passent un coup de fil, on discute un peu, je leur donne des informations, et puis elles peuvent passer à la maison” (Ah, oui, aussi, parce que Dusica « prête » sa maison ou plutôt celle de son dernier mari, à l’association. Et de préciser au passage « Tu sais, ce n’est pas un travail, hein, c’est une vocation »).
Quant à l’objet de ma visite aux « Femmes Seules » , Dusica s’est encore montrée d’un secours certain. Deux cafés turques, un jus d’orange et quelques cigarettes plus tard, je questionnai… La violence domestique ? Banal… « Oui Dusica, mais l’utilisation d’armes à feux ? Vous connaissez? » « Bien sur que je connais. Courant. Bien sur que j’ai entendu des histoires. Bien sur que je vais t’aider… »
Posted By Fanny Grandchamp
Posted Jul 17th, 2009
1 Comment
Eliane GRANDCHAMP
July 17, 2009
Fanny,
nous sommes fiers de toi : mettre en lumière les victimes de l’ombre, en parler autour de toi, faire savoir, c’est déjà un petit bout d’une réponse, un petit chemin qui se taille dans les esprits, une porte ouverte sur autre chose autrement.
persévère. C’est difficile surement, moralement usant, mais aidant pour Dusica et ses consoeurs.